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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 9,1-8.

En ce temps-là, Jésus monta en barque, refit la traversée, et alla dans sa ville de Capharnaüm.

Et voici qu’on lui présenta un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. »
Et voici que certains parmi les scribes se disaient : « Celui-là blasphème. »
Mais Jésus, connaissant leurs pensées, demanda : « Pourquoi avez-vous des pensées mauvaises ?

En effet, qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien dire : “Lève-toi et marche” ?

Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés… – Jésus s’adressa alors au paralysé – lève-toi, prends ta civière, et rentre dans ta maison. »

Il se leva et rentra dans sa maison.

Voyant cela, les foules furent saisies de crainte, et rendirent gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes.

"Mais qui donc peut être guéri de ses cibles manquées, s'il n'est paralysé ?"

"Seigneur Jésus, paralysés par nos peurs et nos cibles manquées, nous voilà dans l'incapacité de nous mettre debout et de marcher. Il faut avoir connu de telles situations, et en avoir pris conscience pour comprendre cette Parole que, sans aucune fioriture, ton Evangéliste Matthieu nous adresse en ton nom aujourd'hui.

Il serait stupide et impudique de penser que ces paralysies ne sont que le fait d'une faiblesse physique. Nous ne pouvons faire une impasse sur nos cibles manquées.

Nous ne sommes pas dans un contexte de réparation par des punitions imposées, mais n'éliminons pas trop vite nos manquements à l'égard des autres : Les jugements portés, les relations coupées finissent toujours, un jour ou l'autre par nous paralyser.

Ce sont les autres qui nous portent vers toi. Leur confiance et la nôtre viennent confirmer ce que nous avons énoncé précédemment et font ton émerveillement par cette Parole qui nous est adressée : "Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés."

Et voilà que certains crient au blasphème devant une telle déclaration.

Ton Serviteur, le Pape François est en train de connaître ce genre de propos qui font que des dents grincent autour de lui. Et pourtant, il ne fait que mettre en garde contre les paralysies qui nous guettent par les jugements portés. Ecoutons simplement ce qu'un prêtre assomptionniste nous rapporte en quelques mots : " François fait grincer des dents ! Il prend la parole, librement et donne son avis sur des sujets politiques. Lors de son voyage en Arménie, le week-end dernier, il a parlé, explicitement, du "génocide" arménien, du brexit... Il prend également position sur des questions éthiques et, par exemple, demande pardon aux personnes homosexuelles, dénonçant ceux qui dans l'Église jugent et rejettent des personnes. François fait grincer les dents de tous ceux qui pensent qu'il faut un ennemi pour exister, de tous ceux qui estiment qu'il faut combattre des complots, des lobbies… Être chrétien, selon l'Evangile, consiste à accueillir largement, sans jugement, à vivre vraiment le commandement de l'amour. Et tant pis pour les dents qui grincent !"

(Père Sébastien Antoni, assomptionniste)

Il en est de même des murmures entretenus par des "monsieur je sais tout" qui ne manquent pas de t'accuser de blasphème, sans même prononcer ton nom, mais en te désignant par "Celui-là" !

Quand nous parlons des autres, d'une manière anonyme, c'est souvent une accusation que nous portons sur eux en en parlant à d'autres. C'est une affirmation qui devient accusation : "Monsieur, il a tâché mon cahier !" avons-nous dit ou entendu dans le monde scolaire.

Mais toi, Jésus, tu connais bien le cœur de l'homme, et ta parole résonne, non comme une condamnation, mais comme une remise en question adressée à ceux qui jugent et qui condamnent : "Pourquoi avez-vous des pensées mauvaises ?"

Et pour montrer jusqu'où peut aller la puissance de l'Amour de Dieu sur la terre des hommes, tu nous poses une colle :"Qu'est-ce qui est le plus facile ? Dire : "Tes péchés sont pardonnés", ou bien dire : "lève-toi et marche" ?

Le silence est écrasant pendant un bon moment. Tu profites de ce temps pour relier deux états qui paraissaient discordants : quand les cibles manquées sont ainsi pardonnées, chacun peut se lever et se mettre à marcher.

N'étant plus paralysés par nos peurs, ni couchés sans pouvoir nous relever, nous pouvons désormais reprendre le chemin des hommes et le chemin de Dieu, portant sur nos épaules ce qui est devenu léger.

Seigneur, nous reconnaissons en toi ce poids d'amour de Dieu pour chacun d'entre nous. Il nous est donné à chaque instant, il nous revient de l'accueillir.

Encore faut-il être conscient que nos paralysies morales, qui retentissent sur le physique, viennent aussi de ces cibles manquées. Pour être aimés par-dessus tout, seigneur, tu nous invites à remettre les dettes que nous devons aux autres. Nul ne peut être pardonné s'il ne pardonne à lui-même afin de pardonner aux autres.

Sortons de nos torpeurs et des jugements portés ! Ainsi libérés de nos cibles manquées, nous pourrons commencer à marcher de nouveau.

Ayant pris conscience du pourquoi de nos paralysies, nous serons guéris de nos cibles manquées.

Michel GUERRE le 4 juillet 2019