Espace pour mieux Chercher

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 6,20-26.

En ce temps-là, Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :  « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.

Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !

Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

BEATITUDES

Préalable :

Prenons les différentes traductions :

- Dans la traduction de l'araméen, "Heureux" est traduit par "vous avez Le Bien". Malheureux par "J'ai mal pour vous".

Dans la traduction de Chouraqui et sa rétroversion du grec à l'hébraïque, le sens approprié est de "se mettre en marche !"

Les deux versions peuvent être employées pour dévoiler le sens profond des "Béatitudes" chez Luc, bien différentes de celles de Matthieu.

Les Béatitudes de Luc sont moins lues que celles de Matthieu, et on comprend pourquoi. D’abord, Luc ne cite pas les quatre béatitudes positives, celles que nous préférons : «Heureux ceux qui ont le cœur pur, les miséricordieux, les artisans de paix et ceux qui sont doux.» Il ne garde que les quatre béatitudes négatives : «Heureux ceux qui sont pauvres, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif, et ceux qui sont persécutés.»

Méditation

Seigneur, aujourd'hui, tu fais une pause dans la plaine, cet espace de nos vies où il n'y a plus d'obstacles à surmonter, de sentiers à gravir. Cet espace est celui des relations où les hommes et les femmes de toutes conditions peuvent se rassembler. Quand la foule se retrouve, il y a toutes les situations exposées devant toi : Chacun, un jour ou l'autre, est porteur d'une situation différente. Les situations évoquées se retrouvent en chacun de nous :

a) Toi, Jésus, le "marcheur de Dieu", quand tu t'adresses à nous, tu utilises un mot qui est une invitation à "nous mettre en marche". Dans la langue hébraïque, cela se dit :"Ashrein !", ce qui veut dire : "En marche !".

- "En marche", si vous êtes pauvres, vous qui ne possédez rien. En ne vous prenant pas pour des propriétaires, vous creusez un espace pour recevoir le Règne des relations et le mettre en partage avec les autres.

- "En marche", si vous êtes affamés de Dieu, vous dont l'amour est en attente d'être reçu, ici et maintenant. Vous serez rassasiés, en ayant toujours faim de cet Amour qui est source de vie ! Vous le partagerez avec les autres.

- "En marche", si vous pleurez sur les injustices commises. Vous trouverez le moyen de donner de la joie à ceux qui ne la connaissent pas. Grâce à vous, ceux qui ne sont pas encore ajustés à cet Amour de Dieu et des autres, pourront aussi se mettre en marche.

- "En marche", si vous êtes les victimes de la haine et des sarcasmes, dont le nom est rejeté à cause de la confiance donnée au "Fils de l'Homme". En ce jour, vous pouvez vous mettre en marche et courir, s'il le faut, car votre cœur est ouvert pour recevoir en plénitude l'Amour de Dieu.

Tels sont les chemins à prendre pour "marcher avec toi", Seigneur Jésus, et recevoir de toi ce qui nous est donné de toute éternité.

b) Mais, dans le même temps, Toi, Jésus, le "Marcheur de Dieu", tu as la délicatesse de nous signaler les obstacles que nous pouvons rencontrer.

- "Remettez-vous debout", car je suis malheureux pour vous, si vous êtes trop riches de vous-mêmes, au point de ne vouloir pas de consolation.

- "Remettez-vous debout", car je suis malheureux pour vous, si vous êtes repus, au point de ne plus prêter attention qu'a vous-mêmes,  ils sont proches les jours où vous aurez faim de rencontrer les autres, où vous aurez faim à nouveau de vous nourrir de Dieu. Et vous risquez de passer à côté.

- "Remettez-vous debout", car je suis malheureux pour vous,  vous qui riez de tout, même de vos semblables, car ils sont là les jours où chacun fait l'expérience de l'absence de l'être aimé. Ces jours-là sont difficiles et les pleurs succèdent aux rires.

- "Remettez-vous debout", car je suis malheureux pour vous, quand vous n'entendez que le bien que l'on dit de vous ! Ne vous laissez pas endormir par les faux compliments qui vous détruisent au lieu de vous aider à reconstruire.

Seigneur Jésus, toi, "le Marcheur de Dieu", nous te disons merci de nous montrer le chemin des "marcheurs", sans occulter les obstacles que nous pouvons rencontrer qui sont invitation à "nous remettre en marche", en te tendant nos mains.

Nous avons compris combien tu es malheureux de nous voir faire le contraire de ce que tu es venu nous montrer, au point de nous ouvrir tes bras et nous faire connaître ton "Règne de relations".

Michel GUERRE le 9 Sèptembre 2020